LA PAUSE FEMININE, Les cheveux blancs

50 nuances de gris : assumer les cheveux blancs avant 40 ans ? Mon projet #mygrayhair #1

A 16 ans j’ai eu ma première coloration : une mèche rouge dont j’étais ultra fière ! Et ainsi j’ai pu jouer avec les couleurs comme avec les tenues … j’ai longtemps considéré la coloration maison comme un jeu et un plaisir au même titre que choisir un accessoire de mode.

C’était mon rouge à lèvres, moi qui me maquillais peu. Jusqu’à ce que ce soit presque mon identité : de grandes mèches noires, le total rouge claquant, les mèches blondes …

A 25 ans mes premiers cheveux blancs : 2-3 sur le devant, que j’arrache allègrement. Il n’y a finalement que moi qui les vois. Peu de coloration (une grossesse, un long allaitement : moins de temps, moins d’envie). Je reprends lentement le chemin du salon de coiffure et des colos maison deux à trois fois par an seulement et je trouve ma couleur le roux, qui se rapproche de mon châtain foncé avec reflets d’origine.

A 29 ans ma deuxième grossesse me donne du souci : la légende dit vraie ! Les cheveux blancs se multiplient. En grande mèche sur le devant, l’effet racines est visible tous les 1 mois et demi. Je prends donc l’habitude de me colorer les cheveux : souvent avec des produits du commerce, deux trois fois par an en salon. Le plaisir disparait : la contrainte commence. Le rythme s’impose, les démarcations me sautent aux yeux, les premières remarques fusent : »ouh t’as pas fait ta couleur ! », si j’ai le malheur de laisser à la repousse quelques semaines de trop …

A 37 ans, cela fait maintenant deux ans environ que je dois faire une coloration toutes les 3 semaines pour cacher tous mes cheveux blancs et ne pas avoir très vite un tranché bicolore. Quand je laisse passer un mois et demi, on ne peut plus ignorer ma chevelure poivre et sel près du crâne.

On fait aussi avec son histoire personnelle : ma mère et ma grand-mère maternelle se sont toujours colorées les cheveux, et j’ai grandi avec l’idée que c’était la seule alternative possible pour les femmes finalement.

J’ai longtemps lutté contre la nature de mes cheveux (frisés, ondulés, bouclés : bref indomptables) à coup de lisseurs. Pendant des années je me suis obstinée à les raidir quitte à les abîmer, quitte à passer des heures : je ne m’aimais que comme ça … Combien de temps perdu pour me rendre compte qu’en les acceptant je pouvais en faire autre chose ? Maintenant je n’imagine plus faire un brushing et les rares fois où cela m’arrive je ne me reconnais pas dans le miroir.

Pour la couleur c’est pareil, je me suis cherchée longtemps avant de trancher pour un châtain roux. Je ne me vois pas avec une autre coloration : ma carnation, mon maquillage, mes vêtements .. même ma personnalité me semble en adéquation avec cette couleur.

Mais voilà : plus je me colore (toutes les 3 semaines ), moins la coloration tient. Je fais de plus en plus de réaction cutanée avec le crâne qui pèle, démange … pendant une semaine au moins. Il me reste à peine une semaine pour en profiter pleinement que déjà je vois poindre les premiers retours du naturel. Acheter la couleur ou prendre rendez-vous, bloquer un créneau pour cette corvée : la pose, l’odeur, le rinçage, l’effet « couleur artificielle » des premiers jours … je n’aime plus du tout aucune de ces étapes.

Avant l’été, j’ai failli arrêter définitivement. Mon mari et mes enfants ont commencé à flipper : « tu vas laisser TOUS tes cheveux blancs ? ». Mes copines ont surenchéri :« c’est pas possible ma chérie ! file faire une colo ! »

Négligée, vieille, sorcière, mère Gothel, roots, écolo-bobo, anarchiste ? (il en manque à la liste probablement).

La pression sociale a été plus forte que mon ras-le-bol et j’ai replongé (oui la coloration est une drogue dure, un conditionnement 😉 )

Sauf que l’été ce sont les baignades à répétition, le soleil, + de shampooings : une couleur qui dégorge + vite et des cheveux qui visiblement poussent + vite aussi. Il aurait fallu que 15 jours après je recommence déjà !

Je cherchais comment repousser l’échéance d’un total look gris ou blanc (pour moi je ne l’envisageais pas avant 50 ans ..) : des solutions naturelles (les colorations naturelles tiennent 3-4 shampooings … le henné je ne sais pas faire, pas sure que ça prenne sur mon cheveu, et en salon c’est hors de prix).

Mais voilà plus je réfléchissais, plus la solution m’apparaissait … Et pourquoi pas ? Pourquoi je ne laisserais pas mes cheveux tout comme ma peau, reflétaient mes années, ma personnalité, mes vrais traits, ma vraie couleur … Oui je m’aime en rousse, mais je n’aime plus toutes les étapes et contraintes pour être cette rousse. Et si je m’aimais avec mes cheveux blancs ? Si je vivais cela comme une libération, une acceptation, mon originalité …

Sauf que j’avais besoin d’une raison + .. légitime, quelque chose à laquelle personne ne pourrait dire « c’est de la feignantise, de la négligence .. » ou que sais-je de négatif. J’avais juste envie d’avoir une réponse à fournir qui cloturerait le débat, même s’il n’y a pas une seule raison derrière les acceptations de soi, ou non-acceptation.

L’argent a été ma motivation. Mon alibi.

L’ouragan Irma, puis José, ont fait des dégats considérables, et je voulais aider. Je voulais pouvoir envoyer de l’argent afin d’aider. Mais voilà, je ne roule pas sur l’or et envoyer 20 euros ça ne me semblait pas assez engageant de ma part. Je voulais faire tellement plus. Je voulais au moins 100 euros. Puis j’ai fait un petit calcul tout simple.

J’avais besoin d’une coloration maison toutes les 3 semaines : 15 euros (il y en a des moins chères mais j’ai choisi un prix rond, en comptant l’eau et le temps que cela prend 😉 ) puis mes 3 passages chez le coiffeur par an pour rattraper les longueurs en coloration totale (vu mon épaisseur il faut en général deux doses de couleur) + coupe + brushing, j’en ai pour 80 euros.

Je suis arrivée à un chiffre arrondi de 500 euros ! Wahou ! J’avais 500 euros de dispo pour aider des gens juste en supprimant ma corvée de la coloration !

C’est pas grand chose 500 euros quand on y réfléchit bien mais c’est ce que je peux faire à mon niveau et je tenais là mon déclic pour me lancer dans une année sans coloration (et peut-être + si j’arrive à m’apprécier, m’accepter et aimer ma couleur naturelle avec tous ces cheveux blancs).

J’ai par ailleurs 2 jokers dans mes placards puisque j’avais 2 boites de coloration végétale achetées d’avance, donc je m’autoriserais à les utiliser pour une raison x ou y qui me ferait replonger le temps de quelques semaines du côté de la roussitude 😉

Les vacances étant passées par là, cela fait 2 mois pile (le 11 juillet au 11 septembre) que je n’ai pas coloré mes cheveux.

Déjà 30 euros 😉

Je sais que le chemin va être long, difficile .. mais c’est bien peu face à ce que vivent certaines personnes, et je pense qu’un peu de second degré m’aidera à surmonter cette étape de ma vie de femme 😉

Je sais que ce changement va aussi s’accompagner d’autres changements : que certaines couleurs ne m’iront peut-être plus au teint, que je vais peut-être devoir changer ma façon de me maquiller … mais là aujourd’hui, je veux juste penser à pourquoi je le fais, pour qui je le fais : pour moi, pour eux, pour me sentir un peu plus active tout en ne faisant rien : c’est la difficulté dans la facilité qui rend ce projet intéressant pour moi.

Je vais de ce pas me motiver à travers de beaux exemples de nanas canons avec leurs cheveux blancs.

source Sarah Davis-eisenman

N’hésitez pas à suivre l’évolution sur mon instagram, mon Facebook et à me laisser des commentaires sous cet article.

Si un / une photographe veut participer au projet de manière artistique en suivant la transformation, ou si vous aussi vous êtes tentés par l’aventure : sauter ne serait-ce que 2 mois de coloration c’est 30 euros que vous pouvez donner à l’association qui vous tient à coeur (et il y a tellement de belles causes que nous aurions envie d’aider en se disant que l’on n’a pas les moyens).

 

 

23 réflexions au sujet de “50 nuances de gris : assumer les cheveux blancs avant 40 ans ? Mon projet #mygrayhair #1”

  1. Honnêtement chapeau et votre motivation est en plus géniale ! J’aime lire et voir des articles comme le votre sur le net..
    J’ai 26 ans et « quelques » cheveux gris.. Des fois, ils ne me dérangent pas et je peux même peu les voir car je les trouvent dissimulés.. D’autres jours,ils peuvent me plomber le moral. En plus je n’ai même pas encore d’enfants mais déjà des cheveux blancs..
    Ce qui est certains, c’est que je vais tout mettre en oeuvre pour les assumer, les aimer et me dire que quoi qu’il arrive C’EST MOI !! Et ne pas tomber dans le cercle vicieux des colorations..

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    1. Merci pour ton soutien ! Je pense que je te conseillerai d’éviter les colorations … car c’est finalement + facile je pense de s’y faire, au fur et à mesure qu’ils apparaissent, plutôt que d’un coup avec la vilaine démarcation des racines etc … mais c’est un déclic dans la tete … je n’étais pas prete à les assumer avant je crois …

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  2. Je fais des hennés je crois depuis toujours, la plupart du temps moi même, parfois chez le coiffeur. Plus ou moins rapprochés, plus ou moins vifs. De toute façon quel que soit le coiffeur où je suis allée, on m’a toujours proposé un henné. Je crois que je dois avoir le cheveu à cela. Je n’ai jamais fait un autre type de coloration. Je commence à avoir quelques cheveux blancs mais avec le henné, cela fait effet mèches. En plus une boite de henné en grande surface cela ne coûte rien genre 3 ou 4 euros. Tu devrais essayer 🙂

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    1. oui ça peut être une solution mais je crois que j’ai peur de me lancer seule … de toute manière pour le moment je vais tenter l’aventure de voir mes vrais cheveux 😉 mais je note ton conseil. Merci !

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  3. C’est génial, je ne trouve pas d’autre mot ! ça me rappelle un article super intéressant que j’avais lu sur la question suite à l’apparition de Lio sans couleur qui avait fait tout un pataquès ! Elle avait une réflexion très intéressante sur le sujet. J’avoue que devoir passer par les couleurs c’est ma hantise et c’est pour ça aussi que la question m’intéresse beaucoup…

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  4. Alors LÀ, je suis sans voix devant ta magnifique idée !
    J’espère que tu arriveras à continuer.
    J’ai le même âge que toi et beaucoup de cheveux blancs depuis les chimiothérapies toussa toussa…
    Je vis très bien avec, mais faut dire que j’ai les cheveux courts donc ça passe bien ^^
    Pour une raison que j’ignore mes cheveux blancs se voient très peu en photos, ça dépend de la lumière je pense.
    Et puis surtout je me sens très bien comme ça, c’est ça le meilleur secret, ahaha!!
    Bisous

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  5. Oui alors je trouve aussi que c’est une forme de courage mais c’est surtout une façon de grandir, de faire fi du regard des autres ( fantasmé ou réel) . Il y a de plus en plus de jeunes femmes qui gardent leurs cheveux blancs, je côtoie deux très belles femmes jeunes aux cheveux gris, assumés, et ça ne les vieillit pas du tout ! C’est même classe . Bravo et c’est vrai que finalement ce genre de choix assumé serait tellement plus simple sans les commentaires et le regard pas toujours bienveillant de l’entourage et de la société…..

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    1. Oui même vis à vis de mes enfants, je n’ai pas envie que leurs camarades leur disent que leur mère est une sorcière (même s’ils n’auraient pas complètement tort 😉 ) en me voyant …

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  6. Bonjour. Voilà un très chouette témoignage! Pour ma part, j’ai eu des cheveux blancs jeune (vers 20 ans) mais je n’ai jamais fait de coloration. J’ai toujours compensé par des coiffures, simples mais jolies.

    37 ans et pleins de cheveux blancs 🙂

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  7. Bonjour,
    Ça fait des années que j’ai arrêté les colorations et franchement je n’ai aucune envie de recommencer…j’ai aussi 37 ans et oui la 2 ème grossesse m’a blanchi d’un coup mais j’ai tenu bon et aujourd’hui, je suis de plus en plus poivre et sel mais bon ceux que ça gêne n’ont qu’à regarder ailleurs!! Bravo pour votre initiative et vous verrez que l’inquiétude des premiers temps passe vite! Qqs mois à patienter pour avoir de nombreux bénéfices!

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  8. whaaaaaaaaaaaaaaaaaou !!! alors là je te dis BRAVO ! c’est une très très très (…) belle démarche ! Je trouve ça EXTRA ! C’est vraiment une idée de dingue, une générosité très bien pensée et en même temps une belle acceptation de soi ! Je t’encourage à fooooooond !!!!

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  9. J’y pense aussi car je ne roule pas sur l’or et ça serait toujours ça d’économisé. Mais comme je n’en ai pas partout j’ai peur que ça ne soit pas beau. Et puis la transition lors de la pousse, pfffff ! ça fait vie négligé…. Je crois que je ne suis pas encore tout à fait prête. J’espère que tu vas réussir !

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    1. ça me fait peur aussi cette transition et le regard des autres sur ce coté « négligé » .. mais j’ai besoin de voir si c’est pas mieux de l’autre côté : du coté de la liberté 😉

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Commentaires

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