HUMEURS HUMOUR

Ces étiquettes qui collent à la peau de nos enfants … ne pas les mettre dans des cases

Comme vous le savez maintenant si vous me suivez sur ce blog, je suis intervenante en structure petite enfance, en médiathèque et en école maternelle pour faire des ateliers d’éveil à l’anglais pour les plus petits.

Lorsque je découvre un groupe d’enfants pour la première fois, j’ai des habitudes : je me présente, je tiens à connaitre chacun par son prénom … et je ne veux pas savoir comment ils sont.

Ca surprend souvent, mais j’arrête de suite la personne qui essaie de me décrire le comportement d’un enfant, d’un groupe, un caractère particulier …

En effet, au tout début de mon activité, lorsque j’arrivais, les premiers mots étaient souvent dirigés à me « prévenir » des « cas » les plus difficiles

« oh attention à Mathis, c’est un garçon très turbulent, il n’écoute RIEN »

 » Enora est une vraie peste, elle ne tient pas en place »

Si vous saviez le nombre d’enfants qui déjà porte avec eux le poids de leurs erreurs de quelques mois ou semainesle catalogue de leurs bétises mis à jour à la moindre écartade … le casier judiciaire du petit teigneux de la cour de récré …

Je me suis aperçue alors, que si on me disait « attention à Mathis », je me focalisais sur cet enfant … j’appréhendais tous ces gestes, je guettais la faille, j’attendais le premier faux pas …

Pourtant le camarade de Mathis a crié , tapé sa voisine … j’ai juste dit STOP 2 fois, tout est rentré dans l’ordre, mais c’était Mathis qui était attendu au tournant.

Pourquoi ? parce qu’on me l’avait décrit, signalé. Parce que c’était lui qui devait retenir mon attention et que c’était avec lui que je devais insister sur les règles.

Mais non, Mathis a été captivé par mon intervention, a tapé dans les mains , a souri … et a écouté tout au long de la séance.

A la sortie, compte rendu : « alors Mathis, il t’en a pas trop fait voir ? »

« Non, Mathis a été adorable et participatif . » Bouche bée, silence et incompréhension de l’animatrice. « Ah ok, c’est bizarre ».

Depuis ce jour, j’ai décrété que je ne voulais plus savoir

Travailler avec des enfants, c’est se laisser surprendre

Rester en équilibre sur un fil, rester ferme avec des règles précises mais savoir accepter de déborder de son propre cadre …

Savoir rester positive avec chacun, car on a tous des qualités et des défauts.

J’ai depuis des exemples pleins les poches …

Le petit Loan, tout sourire, attentif, intéressé, drôle, qui me demandait un calin à chaque fin de séance, les larmes aux yeux quand je lui ai dit qu’on se voyait pour la dernière fois : « oh je voudrais pouvoir faire de l’anglais tous les jours avec toi …  » avec son petit bouquet de marguerites aux tiges trop courtes à la main et son dessin très coloré.

Loan a 4 ans, déjà catalogué le cancre de l’école, on le sépare même des petits dans la cour, les animatrices l’envoient jouer au ballon avec les primaires même parfois car il est trop violent, crie et n’écoute rien. Loan, il faut le surveiller hein ? Puis n’hésite pas à le punir, il n’en fait qu’à sa tête.

Mais non, Loan n’est pas comme ça … Loan ne m’a jamais obligé à hausser le ton, ni à menacer de punition. Loan a écouté attentivement mes règles : peu nombreuses, simples mais fermes et contrebalancées par des encouragements et de la liberté.

Ces étiquettes j’arrive maintenant à les décoller en demandant à ne pas les connaitre.

Pourtant hier, je me suis aperçue que moi aussi je collais des étiquettes .. et à mes propres enfants.

Ma grande Pourriture, c’est la sage, l’intellectuelle, la peureuse.

Mon petit Kik’, c’est le rigolo, le fonceur, le manuel.

Hier, Kik’ 5 ans a récité la poèsie de sa sœur par cœur (elle est rentrée en CM 1).

Une poèsie avec quelques mots complexes , des allusions littéraires.

Il a récité, sérieux, avec les intonations, la ponctuation.

Et mon premier reflexe a été de me dire « oh c’est marrant un petit bout qui récite comme ça super sérieux ! »

Alors que pour sa grande sœur, je me serais dit « mais qu’est ce qu’elle est intelligente ! »

J’ai réfléchi … combien de fois est ce que je dis à sa sœur qu’elle est drôle ? Jamais, alors que franchement, elle nous fait bien marrer … combien de fois dis-je à mon fiston qu’il est sage et intelligent ? Jamais, alors qu’il récite à 5 ans une poèsie de CM1 avec l’applomb d’un grand orateur.

Alors voilà, on a la tête dedans et on ne s’en aperçoit pas, c’est dans le quotidien …

Mais essayons de ne pas coller des étiquettes à nos enfants, et n’acceptons pas qu’on leur en colle.

Parce que nous sommes tous tour à tour, gentils, pénibles,  intelligents, drôles, spontanés, énervés, enthousiastes, généreux, souriants, agaçants, calmes …

 

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8 réflexions au sujet de “Ces étiquettes qui collent à la peau de nos enfants … ne pas les mettre dans des cases”

  1. c’est tellement vrai ! je me mords les joues quand je m’entends dire « ma fille est comme ci, comme ça, » quand je la présente à sa maîtresse par exemple…. Alors qu’elle peut être complètement différente parfois, tout comme nous les adultes…

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  2. c’est tout à fait vrai, on cherche à faire ressortir leurs traits de caractère et du coup on insiste souvent dessus.
    Tu fais bien d’apprendre à connaître seule chaque enfant, bravo 🙂
    Et pour le coup, je me dis que c’est vrai que j’ai également collé des étiquettes à mes filles et il faudrait que j’y fasse attention.
    Merci pour cet article 🙂

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